A Tell Abiad, au nord de Raqqa, le système de santé est la nouvelle victime du groupe Etat Islamique

exclusif – Raqqa se fait massacrer silencieusement

Le groupe Etat Islamique a exigé la fermeture de tous les dispensaires de cette ville du nord de la Syrie et confisqué les médicaments ainsi que tout le matériel médical, notamment radiographique. C’est plus de 10 000 personnes qui sont concernées par l’arrêt des services de santé de proximité.
 
Les Djihadistes ont par ailleurs transformé l’hôpital public en centre de soin privé directement dédié aux combattants. Ils peuvent s’y faire soigner gratuitement. En revanche, les soins sont payants pour la population : il en coûtera 1000 livres syriennes (3 euros) par nuit pour un nouveau-né dans une couveuse, 2000 livres syriennes (70 cents) pour une radio, et 400 livres syriennes (1,40 euros) pour des analyses médicales. Ces sommes semblent bien évidemment modestes mais elles restent très importantes pour la population qui vit en grande majorité dans une situation d’extrême pauvreté, beaucoup ne gagnant pas plus de 20 000 livres syriennes par mois (60 euros). Il en coutera donc la moitié de son salaire à un travailleur pour que son nouveau-né passe une dizaine de jours dans un service de néo-natalité, durée moyenne d’hospitalisation dans ces cas-là.
 
Ces nouvelles règles édictées par EI semblent être la première pierre d’une privatisation complète du système de santé. Le groupe souhaite faire de la médecine une source de revenus importante, ainsi qu’un moyen incontournable de contrôler la population et notamment l’identité de ceux qui viennent se faire soigner.
 
Dès lors, la population n’a plus de choix possible : en cas de maladie ou pour une opération chirurgicale urgente, les patients optent soit pour le silence en espérant que la mort ne vienne pas les cueillir trop vite, soit pour l’argent, en payant très chers des soins qui étaient jusqu’à présent gratuits. Pendant ce temps, les Djihadistes et leurs familles se font soigner gratuitement dans les centres qu’ils ont réquisitionnés.
 
Dans un tout contexte, mais tout aussi scandaleux, un de nos reporters à Tell Abiad a constaté l’augmentation par le Groupe Etat Islamique de la facturation du téléphone qui est récemment passée de 400 livres syriennes (1,40 euros) à près de 1000 (3 euros). Par ailleurs, les Islamistes ont décidé de ne plus entretenir les lignes téléphoniques dans les quartiers où vivent des citoyens fonctionnaires, c’est à dire rémunérés par l’administration d’Assad. 
 
A travers toutes ces mesures, EI étouffe jour après jour la population. Une manière d’obliger le plus grand nombre à rejoindre les rangs des Djihadistes qui eux sont correctement payés et peuvent profiter des largesses qu’ils s’octroient, au vu et au su de tous.  

media activist from the city of Raqqa, student at the Faculty of Law at the University of the Euphrates. Director of the Media Office of Raqqa, founding member of "Raqqa is Being Slaughtered Silently", founding member of the documentary project of "Sound and Picture". I work in documenting violations committed by Assad's regime and ISIS group and extremist organizations inside the city of Raqqa, as I work in programming, design and visual media. I hold a certificate of coach in digital security, and a certificate of journalist coach, and a certificate in documenting violations against human rights, and a certificate in electronic advocacy. I underwent a training under the supervision of "Cyber-Arabs" in collaboration with the Institute for War and Peace "IWPR", about the management of electronic websites and leadership of advocacy campaigns, and a training of press photography under the supervision of the photojournalist "Peter Hove Olesen".